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Fabien NAUROY, Brand & Design Director chez NATIVE UNION
Fabien NAUROY, Brand & Design Director chez NATIVE UNION et diplômé CREAPOLE 2009 en Design Produit et Innovation nous explique son métier, son parcours depuis CREAPOLE et maintenant chez NATIVE UNION en revenant sur son expérience d’étudiant.
Bonjour Fabien ! Pouvez-vous vous présenter ?
Fabien : « Bonjour, je suis Brand & Design Director chez Native Union, une marque d’accessoires high-tech contemporains. Je suis diplômé CREAPOLE depuis 2009, en Design Produit et Innovation. J’ai travaillé à Hong Kong pendant 10 ans et suis maintenant de retour en France. »
Pouvez-vous nous expliquer votre rôle de Head of Design ?
Fabien : « Le rôle du Directeur du Design est de gérer les fonctions créatives afin de développer une gamme de produits et une image de marque en ligne avec les attentes de nos clients. J’ai commencé comme Designer Industriel puis la structure grandissant je suis passé sur un role de management. Cependant, je continue de définir les briefs, travailler avec les équipes sur Hong Kong et je garde encore la main sur la créa de certains projets.
J’ai la chance d’être entouré d’une équipe compétente sur laquelle je peux m’appuyer. Je continue de faire beaucoup de sketchs dans les phases de création pour donner les directions mais je ne fais malheureusement plus beaucoup de 3D et d’exécution. En complément de mes fonctions créatives, je suis actuellement en cours d’ouverture d’un bureau Native Union en France pour développer notre présence en Europe.
Notre objectif est de renforcer notre position de marque Design et Lifestyle dans notre catégorie d’accessoires tech. Il y a clairement une opportunité de développement sur le marché européen et être à Paris nous ouvre beaucoup de possibilités de partenariats avec de grands magasins comme le Bon Marché ou des maisons de luxe comme notre récente collaboration avec Berluti, du groupe LVMH. »
Décrivez-nous votre journée type.
Fabien : « Depuis que je suis revenu à Paris (en septembre), mes matinées sont consacrées aux équipes de Hong Kong en conférence web. Vers 13h l’Asie s’endort ce qui me permet de travailler plus en profondeur l’après midi avec des phases créatives mais aussi une partie commerciale sur les nouveaux partenariats, ce qui signifie quelques rendez-vous. J’essaie de commencer mes journées tot pour maximiser mon temps avec Hong Kong et pouvoir finir tôt pour profiter de mes enfants ! »
Parlez-nous des étapes dans la création d’un nouvel accessoire. Quels métiers sont impliqués dans cette création ?
Fabien : « Nous commençons toujours par une quinzaine de jours de recherche durant lesquels nous produisons de nombreux sketchs et maquettes conceptuelles. Nous les passons ensuite à notre équipe Production pour une deuxième étape de validation d’environ quinze jours également afin d’obtenir un prototype plus abouti et une étude de coûts et de risques. Une fois validée, la pièce part en usine où elle va être étudiée par les ingénieurs mécaniques et responsables qualité pour s’assurer de sa conformité, de sa faisabilité.
Ensuite, en fonction de la validation du marketing et des commerciaux, étude de marché et viabilité financière du projet, on lance l’outillage pour la production de masse. Toutes les pièces doivent répondre à un certain nombre de normes pour les marchés américain, européen et asiatique. Pour les pièces simples, ce cycle dure trois à quatre mois, et il peut durer jusqu’à un an pour les pièces les plus complexes. »
Combien d’interlocuteurs avez-vous ? Comment se compose typiquement une équipe de création design chez Native Union ?
Fabien : « Nous sommes une dizaine sur la partie purement design et création. Designers Produit mais aussi Graphistes pour réaliser les packaging, PLV et campagnes de lancement. En interne, je dialogue beaucoup avec nos EPM (Engineering Program Management) qui assurent la bonne tenue du planning de développement, nos différentes équipes commerciales pour les retours marché, la finance pour validation des budgets, les juristes qui interviennent pour nous aider à déposer les concepts et s’assurer de la protection intellectuelle.
Native Union compte aujourd’hui 70 salariés au total alors que nous étions moins d’une dizaine il y a encore quelques années. Nous impliquons en plus certains intervenants externes, clients finaux et acheteurs clefs. Bref il y a beaucoup de monde dans le processus ce qui peut compliquer certaines prises de décision mais nous permet d’avancer sereinement en limitant les risques. »
Avec quels outils travaillez-vous le plus ?
Fabien : « Pour la partie design produit c’est assez traditionnel avec du sketch sur Photoshop et Illustrator, puis nous passons en 3D sur SolidWorks. En résumé, tous les outils « standards » du designer industriel !
Pour la communication interne nous avons intégré Slack et Wrike qui sont des logiciels de gestion de projet très adaptés à la création. Avec ces outils, c’est devenu plus facile de gérer une équipe à distance. »
La tech est-elle importante dans votre approche en tant que Designer Produit ?
Fabien : « Dans notre secteur d’activité d’accessoiriste nous sommes très dépendant des technologies utilisées par les fabricants comme Apple. Les produits ont une durée de vie relativement courte, dès qu’une nouvelle technologie arrive sur le marché, il faut repenser les gammes avec ces nouveaux composants.
Ces changements souvent brutaux mettent en péril nos produits existants tout en ouvrant de nouvelles opportunités avec de nouveaux usages. Nous regardons donc les nouvelles technologies de très près et essayons de les incorporer tôt dans le processus créatif.»
Vous avez des liens privilégiés avec Apple, interviennent-ils dans le processus de création ?
Fabien : « Oui, ils sont de plus en plus impliqué. Aujourd’hui nous créons des gammes co-développées avec Apple en exclusivité pour Apple Store, ce qui renforce nos relations. Concrètement, cela signifie qu’ils nous font des retours à chaque étape de la création, depuis le brief jusqu’à la validation de la pré-production. Ils nous ont beaucoup aidé au début et même si cela complique un peu la prise de décision, c’est très gratifiant car il y a très peu d’entreprises qui ont ce niveau d’interaction et de relation avec Apple. »
Quelle fut votre expérience de travail et de vie à Hong Kong ?
Fabien : « Je suis rapidement tombé amoureux de la ville. Hong Kong est un archipel avec de très belles plages, beaucoup de sports aquatiques, des randonnées dans des paysages magnifiques à quelques dizaines de minutes à peine du centre ville. C’est aussi très facile de rencontrer du monde avec une communauté d’expat super dynamique. Dès mon arrivée je me suis senti intégré, et j’ai eu la chance d’y rencontrer ma femme peu de temps après.
Il y a une vraie culture du travail à Hong Kong, énormément d’opportunités de business, de nouveaux projets tous les jours. A mes débuts je faisais pas mal de freelance le soir et les week end, j’ai d’ailleurs commencé comme ca avec Native Union. On peut vite se noyer dans le boulot et en oublier sa vie personnelle. Il m’a fallu un certain temps avant de trouver l’équilibre, mais je pense que le fait d’avoir des enfants a beaucoup joué… »
Que pensez-vous du « made in China » ?
Fabien : « En Europe, il y a une très mauvaise image du « made in China », qui est associée à des produits de faible qualité. En réalité, il y a un tissu industriel très développé, surtout dans le sud de la Chine autour de Shenzhen, où se réalisent beaucoup d’investissements. Il y a des outils de production incroyables, avec la capacité de sortir des pièces techniquement bien au-dessus de la moyenne.
Pour nous chez Native Union, avec nos bureaux à moins de 2h de train, la Chine reste l’endroit le plus adapté à la production de nos accessoires électroniques. À terme, je pense qu’elle deviendra comme le Japon ou la Corée du Sud, un pays de production très haut de gamme. »
Les critères de création et de production évoluent-ils (eco-conception, approche sociale ou sociétale…) ?
Fabien : « Bien sur, de plus en plus de nos clients, notamment Apple, sont très soucieux de la composition des produits et veulent qu’ils soient recyclables, réparables, avec un bon packaging, etc. Ces contraintes sont beaucoup plus fréquentes aujourd’hui et c’est normal et même nécessaire. Native Union s’est beaucoup développée et est passée de 5 000/10 000 pièces par an à plus de deux millions de produits vendus chaque année. Notre impact et donc notre responsabilité sont bien plus grandes, donc nous faisons beaucoup plus attention à ces problématiques. »
Comment s’est déroulée votre insertion professionnelle ?
Fabien : « J’ai bénéficié de 3 stages par le service placement de CREAPOLE. Pour le stage de 3e année, j’ai été pris dans une petite agence qui faisait des panneaux d’affichage pour l’industrie du luxe, dans les aéroports et les grandes galeries.
En 4e année j’ai fait mon stage chez Sagem et j’ai continué en alternance pendant l’année. J’étais dans le département dédié aux accessoires, je faisais des enceintes, des oreillettes, des casques Bluetooth etc. Ce fut ma première grosse expérience professionnelle.
En 5e année, j’ai été pris chez Packard Bell, qui venait d’être rachetée par Acer, et j’ai donc continué dans la téléphonie mobile. À la sortie du diplôme, j’ai fait un dernier stage de trois mois chez Kokido à Hong Kong, toujours en accessoires mais pour les piscines! J’y suis ensuite resté deux ans en tant que salarié ca a été une super experience. »
Pourquoi aviez-vous choisi CREAPOLE ?
Fabien : « Le fils d’un ami de mes parents venait de finir son diplôme de 5e année à CREAPOLE lorsque j’étais encore en terminale sur Avignon. Il est parti chez Creation & Focus en Allemagne à la sortie de l’école et j’ai eu l’occasion de le rencontrer. Il dessinait des chaussures pour Puma et m’a montré plein de croquis et de travaux de recherche. J’ai trouvé ça génial. Il m’a dit « j’ai fait CREAPOLE, c’est à Paris. » Je me suis inscrit aussitôt ! »
En revenant sur votre cursus, considérez-vous avoir été bien formé ?
Fabien : « CREAPOLE m’a bien formé, évidemment. Avec le recul, je peux voir les différences entre les écoles, surtout en Asie. Les grandes écoles asiatiques insistent plus sur la partie technique et production. Les étudiants de CREAPOLE ont la chance d’avoir un enseignement très poussé sur le processus créatif, la prise de décision et surtout sur la compréhension de l’utilisateur final, ce qui m’a énormément aidé par la suite dans l’aventure Native Union. »